À toute allure les épluchures ! C’est ce drôle de slogan que l’on peut lire sur les quatre remorques des pédaleurs de la Tricyclerie qui sillonnent tous les jours les rues du centre-ville de Nantes à vélo. À l’intérieur de ces remorques, jusqu’à 200 kilos de déchets organiques récupérés auprès des restaurateurs, habitants, commerçants… et qui à terme, deviendront du compost, revendu ensuite à son tour pour refaire pousser localement plantes et légumes.

Neuf tonnes de déchets organiques récupérés par mois. « C’est à la fois énorme et anecdotique pour une ville de la taille de Nantes », entame Coline Billon, fondatrice de l’association loi 1901 La Tricyclerie. Passionnée depuis toujours par le vélo et la thématique des déchets, et animée d’une âme d’entrepreneuse, cette jeune trentenaire n’a pas monté son projet sur un coup de tête. « J’ai toujours travaillé sur les questions environnementales.  J’avais participé à la COP 20 au Pérou. Je trouvais en rentrant à Nantes qu’il existait peu de solutions sur la gestion des biodéchets ». On était alors en 2015, année de la COP 21. « Je voulais être du côté du « faire ». J’ai monté seule La Tricyclerie, en échangeant néanmoins beaucoup avec les USA où ce type de solutions existait déjà ».

Plus de 500 demandes la première année

La Tricyclerie, créée fin 2015, est alors la première association française à proposer cette activité : se rendre avec des vélos-remorque en centre-ville, et collecter les biodéchets des restaurants, commerçants et particuliers. Des biodéchets qui deviendront ensuite du compost, et qui sera revendu à des maraîchers ou des particuliers. Un cercle vertueux qui se fait vite repérer. « J’ai reçu plus de 500 demandes la première année de personnes qui voulaient faire la même chose chez eux ». Aujourd’hui, La Tricyclerie a créé une antenne à Saint-Nazaire, et environ une dizaine d’autres projets ont été montés par d’autres acteurs en France. Forte de son succès, l’association compte aujourd’hui 10 salariés. Des salariés qui connaissent désormais de très nombreuses personnes dans le centre-ville de Nantes !

Des « pédaleurs » interpellés dans la rue

Près de six ans après sa création, les pédaleurs (comme ils s’appellent eux-mêmes) de la Tricyclerie sont en effet connus et reconnus par les personnes travaillant ou habitant dans le centre de Nantes. « On est interpellés tout le temps dans la rue, c’est assez joyeux », raconte, amusée, Coline Billon. « Nous avons formé un réel écosystème local, où il y a beaucoup de relationnel. » Et pourtant, les services de La Tricyclerie sont payants. « Nos clients paient un tarif par passage et au bac. Certains le font parce que c’est pratique, les restaurateurs qui ont de petites cuisines par exemple. D’autres le font par conviction environnementale. » Car la proposition de la Tricyclerie réunit beaucoup d’enjeux climatiques : le ramassage des biodéchets tout d’abord, qui évite d’envoyer à l’incinérateur des produits composés à 90% d’eau. L’utilisation du vélo en ville, également, un outil adapté, facile à réparer et qui permet un transport décarboné. Enfin, la création de compost, un fertilisant naturel très utile. « C’est une ressource pour les sols, qui s’appauvrissent. C’est assez merveilleux ce qui se passe dans un compost, on y trouve toute une activité microbienne qui est nécessaire à leur bonne santé. »

C’est assez merveilleux ce qui se passe dans un compost, on y trouve toute une activité microbienne qui est nécessaire à la bonne santé des sols. “

Une Scop pour 2022

Si Coline Billon a au départ créé seule La Tricyclerie sous forme d’association, elle souhaite désormais changer le statut de son activité. La Tricyclerie deviendra donc une Scop début 2022. « Les salariés sont tous très impliqués et font un métier physique. Il est donc très important que chacun d’entre eux, grâce au statut de Scop, puisse prendre part aux décisions stratégiques ».  L’avenir s’annonce donc rempli d’ambitions pour la Tricyclerie. La future Scop espère atteindre les 15 salariés dans les 2 à 3 ans à venir, et doit trouver un nouveau site de stockage pour le compost, l’actuel arrivant à saturation. Elle souhaite également continuer de développer d’autres activités aujourd’hui amorcées, telles que des formations sur le gaspillage alimentaire ou le zéro déchet auprès des entreprises. « La loi prévue pour 2023 indique que toutes les villes devront disposer d’une solution pour traiter les biodéchets. Quelle solution mettront-elles en place ? Il y a beaucoup de belles choses à imaginer derrière cette problématique. Nous serons là pour répondre à cet enjeu public ».

La Tricyclerie en chiffres :

  • 95 clients (boulangeries, restaurants, entreprises…)
  • Plus de 600 particuliers abonnés en 2021.
  • 23 points de dépôt.
  • 200 kilos récoltés par remorque.

Les prix reçus par La Tricyclerie :