Certaines villes de France ont imposé en 2020 aux cyclistes et joggeurs de porter un masque en extérieur. Or, nombre de sportifs estiment que masques et pratiques sportives sont incompatibles. Le point avec deux médecins du sport.

Bureaux, commerces, centres villes, écoles… En raison de la pandémie de Covid-19, l’obligation de porter un masque s’est progressivement étendue en France à de nombreux lieux, puis à certaines activités, parfois pratiquées en extérieur. Plusieurs villes, comme Lille, Rouen ou Nice, ont imposé en 2020 cette protection aux cyclistes et aux joggeurs lors de leur pratique sportive. Pourtant, dans son guide de recommandations daté du 16 juillet dernier, le ministère des Sports indique que le masque demeure « incompatible avec l’activité physique ». 

Des risques d’hyperventilation et d’humidité

Des propos que confirme le docteur Bruno Burel, médecin du sport et vice-président du Syndicat national des médecins du sport (SNMS-Santé). « Il est compliqué, par exemple, de faire un footing avec un masque. Dès qu’on hyperventile, et c’est rapidement le cas quand on fait du sport, porter un masque devient très difficile. Il risque en outre de devenir rapidement humide car la vapeur d’eau respiratoire et la salive vont le mouiller. Il n’a, dès lors, beaucoup moins d’intérêt d’autant qu’il devient moins perméable à l’air inspiré ». D’où l’interrogation du médecin sur l’utilité du port du masque à vélo. « Que faire lorsqu’il pleut ? Certaines décisions méritent d’être nuancées. »

Le masque au cas par cas

Le docteur Burel le reconnaît, il est difficile de généraliser cette règle à tous les sports et à toutes les situations. « Faut-il faire du sport avec un masque ?Il est vrai qu’il n’y a pas de réponse universelle. Chaque activité doit être examinée de manière individuelle. On peut se poser la question du port du masque lors d’une pratique peu intensive en groupe, par exemple. »

Chaque activité doit être examinée de manière individuelle. On peut se poser la question du port du masque lors d’une pratique peu intensive en groupe, par exemple. Docteur Bruno Burel

Lieux clos Vs espaces ouverts

Le masque étant une barrière efficace contre la projection de gouttelettes de salive et le filtrage des particules présentes dans l’atmosphère, il pourrait aussi s’avérer utile en lieu clos. « La problématique la plus compliquée est clairement celle des sports pratiqués dans des espaces fermés », détaille le docteur Burel. « La salle doit impérativement avoir un certain volume dès qu’on est en groupe. Les personnes à risque doivent peut-être éviter certains sports de contacts, comme le judo, pendant quelque temps, et privilégier des pratiques individuelles en extérieur. »

Le docteur Christophe Ridel, médecin et biologiste du sport et médecin de l’équipe de France de tir aux armes, partage cet avis. « Le port du masque est impossible lors d’un effort intense. Il est également inapplicable en compétition, quel que soit le sport. Néanmoins, il peut peut-être s’envisager lors d’une activité de loisirs peu ou moyennement intensive, pratiquée dans des lieux clos et lorsque la distanciation physique est impossible. »

La nécessité de continuer le sport

Pour autant, le docteur Burel insiste sur l’importance de la pratique sportive pour la santé et le bien-être en général. « Il est indispensable de continuer à faire du sport, y compris pendant la période de pandémie ». Les bienfaits sont en effet nombreux et reconnus. « Il stimule l’immunité et contribue à l’équilibre général. Le sport protège des maladies ! Y compris celles liées à l’anxiété ou à la dépression. » Des pathologies en progression depuis le confinement. « Quant aux affections chroniques, elles s’aggravent si on ne fait pas de sport. Il faut bien comprendre que l’absence d’activité physique est un risque pour la santé. 80 % des pathologies chroniques ont un lien avec la sédentarité. »

Indispensable dans l’espace public

Tous deux reconnaissent enfin la nécessité de porter un masque dans les autres circonstances de la vie. « Je suis même personnellement pour le port du masque dans tous les lieux publics », détaille le docteur Burel. « Et, même dans le cadre du sport, il faut respecter autant que possible certains gestes barrières. Pratiquer son activité sportive dans un lieu qui n’est pas trop fréquenté semble déjà une première mesure de bon sens. »