La sédentarité est un phénomène récent mais qui se répand massivement dans la société. Pour lutter contre ses effets délétères, marcher est le remède le plus simple à adopter. Avec un mot d’ordre : la régularité de l’activité.

À la retraite depuis peu, le docteur Yannick Guillodo exerçait au sein du CHRU de Brest et dans un cabinet libéral en tant que médecin du sport. Il est aujourd’hui consultant dans les domaines du sport et de la santé.

Pourquoi, en tant que médecin du sport, se concentrer sur la marche ?

C’est à la fois dû à une démarche de longue haleine et à un constat de terrain. J’ai trouvé au fil du temps que le fossé se creusait de plus en plus entre les sportifs ayant une pratique très intensive et les personnes très sédentaires. Notre société est de plus en plus sédentaire, notamment du fait des nouvelles activités numériques. Or, cette sédentarité comporte de nombreux risques pour la santé puisqu’on estime qu’elle tue plus que le tabac aujourd’hui dans le monde. De mon point de vue, la marche en est probablement le meilleur remède et le plus simple à mettre en place, surtout quand on n’est pas sportif.

Comment définir la sédentarité ?

Il ne faut pas la confondre avec l’inactivité physique. La sédentarité est le fait de rester très longtemps assis au cours d’une journée. Il n’est pas rare aujourd’hui que des patients passent de 7 à 8 heures assis dans la journée. Or, il est primordial pour la santé de se lever au moins toutes les heures. notre quotidien est également trop inactif car nous ne marchons pas les 30 minutes journalières, recommandées.

Quels sont les risques de la sédentarité sur la santé ?

Ils sont assez méconnus, car la sédentarité est un phénomène récent. Mais on sait que nos artères, nos veines, sont au repos quand on est sédentaire. On assiste à un ralentissement vasculaire du corps en général.

Quels sont les bienfaits de la marche lorsqu’on est sédentaire ?

Ils sont nombreux. La marche régulière offre notamment des bénéfices en matière de prévention. Tous les organes sont impactés positivement. Diminution des risques d’AVC, de cancer du sein et du colon, d’infarctus, de diabète… Ce sont là des pathologies lourdes ! La pratique de la marche permet en outre de diminuer, voire de se passer de médicaments lorsqu’on est atteint de certaines maladies ; le diabète ou les problèmes artériels par exemple.

“Je pense qu’il faut surtout retenir que c’est la régularité de la pratique qui permet d’obtenir un impact bénéfique sur la santé. Chaque personne devrait vraiment se demander comment intégrer 30 minutes de marche dans son quotidien afin d’améliorer sa santé.”

Existe-t-il des recommandations officielles sur cette pratique ?

L’Organisation Mondiale de la Santé recommande en effet 30 minutes de marche 5 jours sur 7, et dans l’idéal d’y rajouter 2 fois 45 minutes d’exercices musculaires. Mais je pense personnellement qu’il faut surtout retenir que c’est la régularité de la pratique qui permet d’obtenir un impact bénéfique sur la santé. Chaque personne devrait vraiment se demander comment intégrer 30 minutes de marche dans son quotidien afin d’améliorer sa santé.

Quel message passer afin de convaincre de l’importance de la marche sur la santé ?

La marche est le propre du corps humain, l’homme est fait pour marcher. En outre, la marche est facile, accessible, gratuite et sans contrainte, tout le monde peut marcher. Ne plus marcher, c’est être dépendant. Si une personne marche 30 minutes par jour mais ne pratique pas de sport par ailleurs, elle limite fortement les risques en général pour sa santé. Il me semble que tous les acteurs du monde de la santé doivent désormais entendre ce message.

Article paru dans le magazine Envies du CHRU de Brest