Créée fin 2018 par un couple passionné de botanique et d’environnement, l’association nantaise MiniBigForest s’emploie à recréer des corridors végétaux en ville, ou « micro forêts ». Pour cela, elle emploie une méthode particulière de plantation, qui permet de reboiser rapidement et densément de petites surfaces, tout en construisant du lien social.

C’est l’histoire d’un coup de foudre. Une révélation, qui s’est opérée dans le cadre d’une conférence donnée lors d’un congrès sur les arbres à Nantes en 2018. « Nous avons été comme électrisés, parcourus de frissons », raconte Jim Bouchet. Lui et Stéphanie Saliou, sa compagne, sont les fondateurs de MiniBigForest. Cette association reconnue d’intérêt général, constituée fin 2018 aux Sorinières, dans le sud de Nantes, a pour objectif de créer des forêts très denses dans de petits espaces urbains. « Nous avons découvert, ce jour-là, la méthode d’Akira Miyawaki, mise au point dans les années 70 par ce japonais spécialisé en génie écologique. Tout de suite, tous les deux, nous nous sommes dit que c’était ce que nous devions faire. Nous avons donc mis de côté nos carrières respectives et décidé de créer MiniBigForest. »

Stéphanie Saliou et Jim Bouchet, fondateurs de MiniBigForest

3 arbres par m2

La méthode Miyawaki consiste à planter des forêts très denses sur de petits espaces, parfois à peine plus grands que quelques places de parking. « On estime qu’Akira Miyawaki a planté près de 13 000 forêts par ce biais pendant l’ensemble de sa carrière », raconte Jim Bouchet. « Sa méthode a mis longtemps à arriver en Europe. Elle répond pourtant à la problématique de reforestation des villes. » L’idée de MiniBigForest est, plus qu’imaginer un jardin, de recréer un écosystème. Surtout en ville, là où les sols sont parfois très dégradés. « Nous nous sommes positionnés sur les petits espaces urbains. Nous y plantons 3 arbres par m2 : un arbuste, un arbre de taille moyenne et un grand. » Soit 600 arbres sur un espace de 200m2. « Nous reconstituons les strates naturelles de la forêt. Les arbres qui poussent en premier, les essences dites « premières », grandissent très rapidement. Elles laissent ensuite la place aux autres. » Afin d’être en complète cohérence avec le milieu de plantation, Jim et Stéphanie font au préalable un relevé des essences naturellement présentes, qu’ils planteront ensuite. « Les arbres poussent plus vite que dans une forêt classique. Stimulés par la forte densité de plantation, ils se font une sorte de course vers la lumière qui augmente la rapidité de pousse. »

« Nos opérations sont toujours participatives. Nous avions envie d’agir au cœur des villes. Les habitants viennent toujours planter avec nous ».

Jim Bouchet

Reconnecter les citoyens à la nature

Meilleure climatisation des villes, amélioration de la qualité des sols, augmentation du carbone capté… Les avantages environnementaux procurés par la création de ces forêts urbaines sont nombreux. Mais ils sont aussi sociaux, comme le souhaitaient Jim et Stéphanie. « Nos opérations sont toujours participatives. Nous avions envie d’agir au cœur des villes. Les habitants viennent toujours planter avec nous ». Des habitants qui répondent présent, et qui s’impliquent ainsi dans l’évolution de leur quartier. « Nous voulions les sensibiliser afin qu’ils  se reconnectent avec la nature ». Une sensibilisation qui passe aussi par la plantation au sein d’écoles. « Nous faisons financer ces opérations par des mécènes. Les entreprises jouent le jeu. Quant aux enfants, ils sont heureux de mettre les mains dans la terre, fiers de participer et suivent l’évolution des forêts. C’est un bon moyen pour les connecter très jeunes à l’arbre. Ça a du sens pour eux. »

Garder les pieds sur terre

Près d’un an après sa création, MiniBigForest a planté 8 forêts, soit 6 000 arbres en tout. Sur Nantes et sa métropole principalement, où la bétonisation est importante, mais aussi en Bretagne et en Normandie. « Nous souhaitons rester dans le grand ouest, dans un secteur de 2 à 3 heures maximum en voiture autour de Nantes », précise Jim Bouchet. « Tout d’abord, car c’est une flore particulière avec laquelle nous sommes familiers. Ensuite, car c’est cohérent de travailler localement. 6 à 7 autres associations en France font également ça. Celles qui se montent nous contactent pour savoir comment faire chez elles. » 8 autres forêts sont déjà prévues pour la saison 2020-2021, qui court de  novembre à mars. Une forêt d’études est également en cours d’élaboration avec l’Université de Nantes. Enfin, une formation à destination des particuliers est prévue dans les mois à venir.

L’association, qui a reçu le prix du mouvement éco-citoyen l’an dernier, garde donc les pieds sur terre. «Nous sommes ravis, les forêts plantées ont une belle croissance, les habitants sont contents », rapporte Jim Bouchet. « Dans le futur, nous n’avons pas pour vocation de devenir une multinationale de l’arbre. Nous voulons pour le moment continuer à créer 8 à 10 forêts par an. En le faisant bien, avec envie et passion. Et en restant humbles ! »

Crédit Photos : Jim Bouchet, Stéphanie Saliou